A l'origine de cet article "tribute", un film choc : "BUG" de William Friedkin.
Diffusé presque à la sauvette cet été 2010 sur une chaîne de télé publique, en deuxième partie de programme. Une sorte de boléro tragique, épileptique, une plongée dans la folie. Un voyage sans retour. Un crescendo éblouissant et terrifiant... Que son auteur présente malicieusement comme une "comédie". ( Ce qui, après plusieurs visions apparaît comme une évidence... Mais chut ! )
Sur le plan cinématographique, "Bug" représente pour moi un jalon aussi important que le fut en son temps un film comme "Taxi Driver", tant il fait écho de manière exemplaire et stridente à l'épuisement psychique de l'humanité, et peut-être dans une certaine mesure à la désintégration d'une Amérique en proie à ses peurs.
"Bug" est aussi une love story... cauchemardesque. Elle me hante la figure de ces deux amants maudits, qui se débattent dans un cocon, étrange et pathétique nid d'amour qu'ils tissent eux-même pour échapper au monde extérieur. Petits insectes tremblants presque comiques, pris au piège de la toile d'une araignée invisible, des ténèbres glacées. A bout de force, à bout d'espoir, ils avancent vers le sacrifice.
Face à l'hallucinant Michael Shannon, rôdé dans son rôle pour l'avoir déja joué durant plusieurs années sur les planches ( "Bug" est à la base une pièce de théâtre) Ashley Judd est stupéfiante de vérité. Sur le fil du razoir, comme une funambule, écorchée vive, elle déploie une palette de jeu exeptionnelle.
Avec "Bug", William Friedkin semble inviter Tennessee Williams et David Cronenberg à sa table pour déguster un dernier repas. Avant le brasier final.
Lonely motel woman
Michael Shannon et Ashley Judd dirigés par William Friedkin, qui réalise son plus grand film.
"Ruby in Paradise" primé au festival de Sundance en 1993, est LE film qui fit découvrir Ashley Judd. Une présence rare, la grâce personnifiée.
Une oeuvre méconnue, d'une grande intelligence. Le portrait ciselé, émouvant et doucement engagé d'une toute jeune femme en devenir. Et à travers lui, celui d'une Amérique de l'après guerre froide qui se cherche des raisons d'avancer. Au bout de la jetée : l'espoir d'une renaissance... ou l'abîme. Déja, en filigrane.
Une chronique, légère et grave. Un chef-d'oeuvre intimiste.
Femme publique engagée, démocrate convaincue (et convaincante) Ashley Judd parcourt le monde depuis plusieurs années, pour promouvoir l'éducation et la protection des femmes et des enfants, dans le cadre de la lutte contre les divers fléaux épidémiques qui les menacent (comme le sida) mais aussi plus généralement contre toutes les violences qui leur sont faites.
Fugitive, cette ombre qui passe dans son regard...
... Une mélancolie ancienne, tenace.
Filmographie sélective :
" Ruby In Paradise " - Victor Nunez - 1993
" Smoke " - Wayne Wang & Paul Auster - 1995
" Heat " - Michael Mann - 1995
" Darkly Noon " - Philip Riley - 1996
" Normal Life " - John Naughton - 1996
" Kiss The Girls " ( Le Collectionneur ) - Gary Fleder - 1997
" Simon Birch " - Mark Steven Jonhson - 1998
" Eye Of The Beholder " ( Voyeur ) - Stephan Elliott - 1998
" Double Jeopardy " ( Double Jeu ) - Bruce Beresford - 2000
" Someone Like You " ( Attraction Animale / Sexe Guide ) - Jane Goodale - 2001
" Frida " - Julie Taymor - 2003
" De Lovely " - Irwin Winkler - 2004
" Bug " - William Friedkin - 2007
" Come Early Morning " - Joey Lauren Adams - 2007
" Crossing Over " ( Droit de Passage ) - Wayne Kramer - 2009
" Helen " - Sandra Nettelbeck - 2010